Nos politiques s’écharpent. Cela tombe bien, on commençait à avoir l’habitude, et on finit même par croire que des scènes comme celles que nous avons le plaisir de voir à l’Assemblée Nationale sont devenues le propre du jeu politique français. C’est sans oublier que même durant l’année parlementaire 2017-2018, les débats au Palais Bourbon étaient plus apaisés qu’ils ne le sont aujourd’hui, et donc dire que l’exercice du pouvoir et de la vie démocratique est la seule explication au surnom de “cour de récréation” attribué automatiquement par les médias à l’hémicycle de nos députés, serait entièrement faux.
Force est donc de constater que le climat politique s’est dégradé… Mais alors que le clivage entre la droite et la gauche semble se renforcer chaque jour un peu plus, l’opinion d’un professeur de Sciences Po Paris et docteur en philosophie, avec qui j’ai eu le plaisir de discuter et qui me la partagea, sort complètement des sentiers battus. Il disait que, d’un certain point de vue, et notamment historique, la majorité des hommes et femmes politiques d’aujourd’hui pouvaient être considérés comme étant de gauche.
Selon lui, pour connaître le bord politique de quelqu’un, il suffisait de se demander si cette personne aurait voté contre la mort de Louis XVI en 1793. S’il votait contre, il était de droite, et à l’inverse s’il votait pour, il était de gauche. Ainsi, suivant cette logique, Eric Zemmour apparaîtrait comme étant de droite, on en est rassuré. Mais Marine Le Pen, comme Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, etc. seraient eux plutôt de gauche… Il y a là de quoi perturber toutes les opinions et convictions déjà construites, d’autant que cette logique est complètement justifiée et justifiable. En effet, en suivant cette logique, vous affirmez que les personnalités de droite sont celle préférant les valeurs traditionnelles de la France, ce que le Larousse appelle bien évidemment le conservatisme. Pas besoin de justifier donc que Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo et Sandrine Rousseau, par exemple, soient bien de gauche.
Cela apparaît cependant moins net avec Marine Le Pen. Mais celle-ci, rappelons-nous, proposait dans son programme pour les présidentielles de 2022, d’ “instaurer le référendum d’initiative citoyenne”, tout comme Valérie Pécresse.
Jean Lassalle, Nicolas Dupont-Aignan, ces personnalités de droite qui… prônaient une évolution dans la manière d’exercer le pouvoir, face à un Eric Zemmour qui, lui, souhaitait “favoriser le référendum à l’initiative du Président pour les mesures essentielles”. Ainsi, cette volonté de changement, à l’opposé d’une conservation de l’exercice traditionnel du pouvoir sous la Vème République, avec la toute-puissance du Président de la République, pourrait placer toutes ces personnalités dotes de droite sur la partie gauche de l’échiquier politique…
Emmanuel Macron, quant à lui, serait complètement de gauche également. Sa propension à vouloir être l’homme du renouveau, de la modernité, du changement, l’a poussé à être sans cesse dans la mise en place de réformes et de nouvelles consultations du peuple toujours plus innovantes. C’en devient presque énervant toutes ces nouveautés ! La Convention citoyenne pour le Climat, celle sur la fin de vie, ou plus récemment le “grand rendez-vous” qu’il annonçait pour le début de l’année 2024 afin de relancer son quinquennat, on finit par s’y perdre et ne plus comprendre pourquoi on dit nous solliciter sans cesse sans réellement le faire ou sans actes concrets derrière.
Ce professeur de philosophie me proposait donc une théorie qui me parut pour le moins fumeuse sur le moment, et que personne ne pourrait faire sienne sans y avoir longuement réfléchi au préalable. Je ne suis pas en train de poser mon approbation, loin de là, mais tenais simplement à vous partager cette opinion. Un avis aux antipodes de ce que nous livrent les médias traditionnels, et qui n’a peut-être pas qu’une part de vrai certes, mais possède suffisamment de véracité, il me semble, pour être considéré comme tangible.
A l’approche des élections européennes, pour lesquelles le Rassemblement National, mené par Jordan Bardella, est donné pour grand favori en France, dire que Marine Le Pen serait possiblement de gauche reviendrait à remettre en cause tout l’équilibre politique. Et pourtant, la progressive “déradicalisation” de son parti ne peut que nous laisser perplexes. Loin de moi l’idée de prétendre que Marine Le Pen sera un jour de gauche, mais comme disait Euripide, “le temps révèle tout et n’attend pas d’être interrogé”. Je vous laisse donc avec cette remise en question des connaissances préétablies, et vous laisse vous faire votre propre opinion sur mon propos, comme tout bon média se devrait de le faire.