Si la fumée blanche arrive au-dessus de la chapelle Sixtine, signe qu’un pape a été élu, l’apparition prochaine du successeur de François au balcon de la basilique Saint-Pierre pourrait révéler les grandes lignes de son pontificat à venir.
Fidèles et curieux auront les yeux rivés sur la cheminée de la chapelle Sixtine ce jeudi 8 mai au Vatican, où les cardinaux chargés d’élire le prochain pape sont au deuxième jour d’un conclave très ouvert.
Quand les quelque 133 cardinaux électeurs auront choisi celui qui deviendra le 267e pape de l’Église catholique. Dans les prochaines heures ou minutes, l’homme à qui reviendra la tâche d’annoncer son nom – le cardinal protodiacre, en l’occurrence le français Dominique Mamberti – prononcera la célèbre locution latine “habemus papam” – qui signifie “nous avons un pape” – depuis le balcon central de la basilique Saint-Pierre, au Vatican.
L’identité du successeur du pape François sera ainsi communiquée, tout comme son nom de règne -c’est-à-dire son nom de pape- qu’il se sera lui-même choisi. C’est alors que le nouveau pape apparaîtra à ce même balcon.
Mais dès l’annonce de son nom de règne et dès les premières secondes de cette apparition pontificale, plusieurs éléments pourraient immédiatement révéler les grandes lignes de son pontificat à venir.
Son nom
“Le nom que le pape choisit est déjà programmatique”, explique à BFMTV.com Jean-Benoit Poulle, historien du catholicisme. “Il donne les grandes orientations du pontificat à venir.” À l’exemple de celui choisi par Jorge Mario Bergoglio, le pape François.
“Il a été le premier pape depuis 1000 ans à prendre un nom qui n’avait jamais été porté par un pape.” Soit le nom de François, en référence à François d’Assise: un Saint qui a fait vœu de pauvreté et d’humilité, également considéré comme un précurseur de la défense de l’environnement et du vivant.
Pour le prédécesseur du pape François, c’était Benoît XVI. “Benoît, un nom de pape fréquent”, pointe Jean-Benoit Poulle. Et un nom qui fait référence à Benoît XV, le pape qui a tenté de faire la paix pendant la Première Guerre mondiale. “C’est à la fois un nom qui cadrait avec sa personnalité, celle d’un homme européen, pacifiste et érudit, mais aussi la restauration d’une certaine continuité.”
Car Benoît XVI a tout de même été “le plus conservateur des papes depuis le concile”. C’est-à-dire le concile Vatican II, une grande réforme débutée en 1962 qui a ouvert l’Église au monde moderne.
Mais à l’exception des “papabili” – les cardinaux favoris – qui ont certainement déjà pensé à leur éventuel nom de règne, certains cardinaux qui ne s’imaginent sans doute pas devenir pape “seront peut-être un peu pris de court”, reconnaît Jean-Benoit Poulle, également auteur de l’Observatoire du conclave publié sur le site du Grand Continent où il a analysé les profils des 19 cardinaux favoris. Pour rappel, Jean-Paul II n’était pas dans les favoris et son élection en 1978 a été une surprise.
Un outsider n’aura donc que peu de temps pour choisir son nom. “Pour l’anecdote, dans le cas du pape François, ce nom lui a été soufflé par un cardinal brésilien progressiste juste après son élection”, raconte l’historien.
Sa tenue
Le nouveau pape apparaîtra-t-il au balcon vêtu des attributs liturgiques de sa fonction, grande croix en or autour du cou et mosette de velours rouge bordée d’hermine sur les épaules? Cela n’a pas été le cas du pape François lors de son élection en 2013.
“Il était tout en blanc, avec sa simple croix de fer d’archevêque de Buenos Aires autour du cou”, se souvient pour BFMTV.com Christine Pedotti, directrice de la rédaction de la revue Témoignage chrétien. “Ce qui avait été très surprenant, aucun pape n’avait jamais fait ça.”
“On a tout de suite compris que ce ne serait pas le pape des ornements, de la pompe et du faste”, abonde Jean-Benoit Poulle. Une tenue d’une grande simplicité annonciatrice d’un pontificat, qui durera douze ans, marqué par la simplicité et sa volonté de réformer la curie, le gouvernement du Saint-Siège, même s’il n’y est pas parvenu.
Ses premiers mots
Le nouveau pape devrait donc apparaître au balcon de la basilique Saint-Pierre et adresser sa première bénédiction. “Traditionnellement, les papes commencent par ‘loué soit Jésus-Christ'”, détaille Jean-Benoit Poulle.
Mais le pape François avait de nouveau dérogé à la tradition. Il s’était contenté d’un simple “bonsoir” pour les milliers de fidèles rassemblés place Saint-Pierre le soir de son élection. “Il s’était présenté comme le nouvel évêque de Rome, n’avait pas prononcé le mot ‘pape’ et avait aussi demandé à la foule de prier pour lui”, poursuit l’historien. Autant de détails qui confirmeront l’image d’un pape simple, proche des fidèles et des plus vulnérables.
Que fera son successeur? “Tout est possible”, remarque Christine Pedotti. Si Luis Antonio Tagle, l’un des “papabili” surnommé “le François asiatique”, devait endosser les habits blancs, “il pourrait tout à fait verser quelques larmes, il est connu pour être émotif”. L’archevêque de Manille a en effet déjà pleuré en public, notamment lorsqu’il a été créé cardinal, mais aussi lors d’un sommet sur les violences sexuelles.
Le nouveau pape pourrait aussi bien ne pas prendre la parole. Cela a été le cas de Paul VI en 1963. S’il a donné sa première bénédiction “urbi et orbi” – c’est-à-dire à Rome et au monde entier – à ce même balcon, il n’a pas pris la parole. “Une fois qu’un cardinal devient pape, il peut tout faire. Donc tout peut arriver”, remarque avec impatience la directrice de la rédaction de Témoignage chrétien.
Les personnes présentes autour de lui
Autre détail sur lequel il faudra porter une attention particulière dans les prochaines heures ou minutes: les personnes qui vont entourer le nouveau pape lors de son apparition au balcon en plus de ce que le protocole prévoir. “Il faut être un peu vaticaniste”, admet Jean-Benoît Poulle, “mais on pourra sûrement apercevoir ses grands électeurs”.
Ce qui devrait donner une idée de la dynamique et donc du courant dans lequel le souverain pontife s’inscrit. “En particulier si le nouveau pape est moins connu que les favoris.”
Une analyse que partage Christine Pedotti. “Le nom qui va être annoncé nous donnera une indication immédiate sur ce qui s’est passé pendant le conclave.” Associé aux autres signes, comme son nom, sa tenue et ses premiers mots, “on aura la bande-annonce de son pontificat”.
source : AFP pour Le Lycéen