Reportage sur la conférence d’une ancienne déportée : Ginette Kolinka

« Est-ce que toutes les personnes de moins de 16 ans pourraient se lever s’il vous plait ? » commença Madame Kolinka. Toute la salle, curieuse, se leva en souriant face à cette demande inattendue. « A mon époque, si vous aviez vécu la même chose que moi, vous seriez mort ! » Les sourires disparurent, laissant place à un silence palpable.

C’est ainsi que l’ancienne déportée Ginette Kolinka choisit de commencer sa conférence au collège Jean Racine à Viroflay. En quelques mots, elle réussit à plonger les collégiens dans son récit. Elle les plongea dans la mémoire de « L’Histoire avec un grand H », pour reprendre les mots du proviseur. C’est ainsi qu’elle raconta son histoire avec moultes détails, de l’arrivée des Nazis en France, de sa fuite vers Avignon, de son arrestation et sa déportation, puis enfin son retour en France. Madame Kolinka nous fit le récit des horreurs les plus atroces dans lesquelles parfois, il y eut des moments qui lui donnèrent la force de se battre. Un jour dans les camps, alors qu’elle était abattue par l’effroyable dureté du quotidien, Simone Veil lui offrit une robe. Elle nous confia à quel point ce geste simple lui permis de retrouver sa force et sa dignité.

Par moments Ginette Kolinka s’arrêtait pour échanger avec les collégiens. Ces derniers, étaient souvent surpris par ses questions auxquelles ils peinaient à répondre.

Ce n’est pas pour autant de leur faute. En effet, Les collégiens sont de moins en moins sensibles à cette période de l’Histoire. Ils n’ont pas eu de parents ou de grands parents qui l’ont connue et qui peuvent leur en parler. A cela s’ajoute le retard des cours d’histoire qui attendent la troisième pour enfin commencer, le temps d’un chapitre, à étudier la seconde guerre mondiale. Il y eut une scène révélatrice pendant la conférence : aucun collégien ne sut dire quels étaient les uniformes des déportés. Madame Kolinka s’en étonna et se retourna vers l’un des professeurs en s’exclamant « mais qu’est-ce que vous leur apprenez à l’école ? »

Ginette Kolinka fait partie des derniers témoins de la Shoah. C’est pour cela que nous nous devons de perpétuer le devoir de mémoire. Ne jamais oublier ce qu’il s’est passé.

Les collégiens ont eu une chance immense de la rencontrer. Ils ne s’en rendent peut-être pas encore compte. Car ce jour-là, Madame Kolinka, en alternant les récits des horreurs de la Shoah, avec des moments d’échanges où elle ne manqua pas de faire preuve de beaucoup d’humour, joua le rôle de la grand-mère. Ce fut ce jour-là une personne normale, comme toutes les grands-mères, qui nous transmis son histoire. Cette histoire-là, elle lui appartient. C’est la petite histoire. Pourtant, existe-t-il un meilleur moyen pour comprendre la grande Histoire que d’en écouter une petite ?

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