La légalisation de la drogue est devenue, au même titre que celui sur la fin de vie, un débât récurrent dans notre société. D’aucuns pensent que cela constituerait la solution par excellence face à une délinquance toujours plus importante, et pour partie liée à la drogue, surtout dans les villes et les zones où la sécurité a tendance à laisser à désirer. Le lecteur avisé comprendra ici que mon propos tend à viser Marseille, mais loin de moi l’idée de faire de la cité phocéenne l’unique illustration de cette situation on ne peut plus catastrophique.
D’autres ont pour principe de dénoncer cette possible légalisation, car cela conduirait, selon eux, à une explosion de la consommation, et par conséquent à des problèmes de santé et de sécurité publique : qui dit légalisation de la drogue, dit multiplication des overdoses, des agressions de rue, des personnes “louches”, etc.
En réalité, ces deux opinions apparaissent comme peu rationnelles, car aucune étude ne prouve que la légalisation permet une explosion de la consommation. Toujours est-il qu’il faille, selon moi, empêcher toute légalisation de la drogue, même partielle. Le député LFI Andy Kerbrat, surpris en flagrant délit d’achat de 3-MMC, une drogue de synthèse d’autant plus polémique qu’on la retrouve généralement impliquée dans les cas de viols où la victime est inconsciente, en est l’exemple parfait : il a en effet refusé de démissionner suite à sa condamnation. Comment peut-on imaginer qu’un député de la République soit aussi peu exemplaire, et n’ose même pas assumer ses actes ? Il faut dire que les élus de La France Insoumise n’en sont pas à leur premier méfait : après Adrien Quantennens, Muriel Ressiguier, et Hugo Prevost… nous en voici à Andy Kerbrat !
Le pire est que, loin de le condamner fermement à leur tour, ses compagnons du NFP le soutiennent, à l’image de Sandrine Rousseau, qui déclarait en sortie d’hémicycle : “c’est un enjeu majeur, il faut changer de regard sur les personnes qui consomment”. Pour elle, son collègue député était tout simplement malade, et devrait se réorienter vers un processus de soin. Soit. Pour elle surtout, cet acte, loin d’être un acte répréhensible aux yeux de la loi, se traduit comme une preuve de l’omniprésence de la drogue dans notre société, d’où la nécessité de la légaliser.
Ainsi, je retourne cette question à Mme Rousseau : le travail au noir semble lui aussi omniprésent dans notre société, chaque Français y ayant eu recours au moins deux fois dans sa vie selon une étude de l’Insee. Cela veut-il dire qu’il devrait être légalisé ? Question saugrenue au plus haut point, vous l’admettrez. Sandrine Rousseau, il est bon de le rappeler, avait par ailleurs fermement condamné Pierre Palmade suite à l’accident qu’il avait causé… sous l’emprise de la drogue.
La seule solution reste l’augmentation des moyens mis à disposition de la lutte contre les trafics.
La légalisation de la drogue n’est donc, en aucun cas, la solution ! Banaliser cette consommation, c’est réfuter les effets dramatiques que les drogues de synthèse peuvent avoir sur la santé humaine, et sur la sécurité des citoyens. Le premier argument avancé en faveur de cette mesure, c’est que cela permettrait de mieux la contrôler. Mais encore faut-il en avoir les moyens ! Quand notre Etat n’est même plus en capacité de contrôler l’ensemble des OQTF et des fichés S, comme en témoigne l’assassinat de Dominique Bernard il y a un an, comment peut-il être imaginable de rajouter en plus aux forces de l’ordre le fardeau de la surveillance de la consommation de drogue des particuliers ? Comme l’a rappelé le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, aujourd’hui, à Marseille, seuls 55% des appels sont traités par la Police Nationale, en sous-effectifs. Rajouter un énième contrôle à la liste pléthorique des missions de la Police, c’est signer une bonne fois pour toute l’arrêt de mort de la sécurité des citoyens français.
Mais même dans le cas où cette consommation viendrait à être contrôlée efficacement, sommes-nous sûrs que cela rendra l’espace public plus sécurisé ? Permettez-moi de rester pantois face à une telle affirmation. Les Pays-Bas ont légalisé la drogue : jamais le niveau de sécurité dans Amsterdam n’a été aussi bas. L’Allemagne l’a fait également : les abris bus et les parcs pour enfants sont désormais les lieux de rendez-vous des consommateurs, et la police ne peut les déloger… la drogue étant légale. Et la liste n’est pas exhaustive. Quand bien même l’Etat imposerait une limite mensuelle de quantité achetée pour chaque consommateur, sommes-nous assez naïfs pour croire que la personne complètement dépendante de la drogue s’arrêtera sagement une fois son quota atteint, en attendant le mois suivant pour recommencer à consommer ? Evidemment que non, puisqu’elle se tournera une nouvelle fois vers les points de deals illégaux. C’est la raison pour laquelle la légalisation de la drogue ne pourra en aucun cas améliorer la sécurité dans nos villes et mettre fin aux trafics de drogue. Il est temps de se rendre compte que la seule solution reste bel et bien l’augmentation des moyens mis à disposition de la lutte contre ce phénomène cancérigène pour la société.
?????????
Un article très orienté, où rien n’est sourcé, qui donne une vision apocalyptique de la situation…
Très étonnant quand on sait que si la France est un des pays où la consommation de drogues illégales est la plus importante, c’est aussi un de ceux où la législation est la plus restrictive, au point de limiter l’usage du cannabis thérapeutique.
(Et quid du tabac et de l’alcool qui ont des conséquences autrement plus désastreuses en termes de santé publique ?)
Voir https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/04/02/legalisation-depenalisation-comment-les-legislations-du-cannabis-s-assouplissent-a-travers-le-monde_6225611_4355770.html
et https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/07/02/faut-il-legaliser-le-cannabis-vingt-arguments-pour-se-forger-une-opinion_5484277_4355770.html
Cher Monsieur,
C’est en effet un article très orienté, comme vous le mentionnez. Vous n’aurez pas manqué de relever qu’il s’agit ici d’un article Opinion, qui permet ainsi au(x) rédacteur(s) de s’exprimer librement sur le sujet qu’ils souhaitent, et sans nullement impacter la ligne éditoriale de notre média.
Nous sommes contents de voir que ce type d’article incite au débat, car c’est justement le but recherché. Le rédacteur est libre de se documenter comme il le souhaite, et de partager aux lecteurs l’opinion qui est la sienne. Mais nous ne manquerons évidemment pas de lui transmettre votre remarque ! Il vous répondra dans les plus brefs délais.
Encore un grand merci pour votre message !