TRIBUNE – L’initiative lycéenne : un élan à préserver

La liberté de la presse est un pilier fondamental de toute démocratie, et cette valeur ne doit pas être négligée, même au sein de nos lycées. Pourtant, force est de constater que certaines initiatives lycéennes se heurtent parfois à des obstacles que certains pourraient qualifier d’injustifiés.

Il est essentiel de comprendre que les projets de presse lycéenne offrent aux élèves une plateforme unique pour s’exprimer, débattre et développer leur esprit critique, et par là de s’engager activement dans la vie de leur établissement et de la société en général. C’est pourquoi les tentatives de limiter ou de faire taire ces initiatives peuvent être perçues comme une atteinte à leur droit fondamental d’expression.

Toutefois, il est important de reconnaître que les intentions derrière ces restrictions peuvent souvent être bienveillantes. Les craintes de débordements ou de dérives sont en effet compréhensibles. Mais n’est-il pas mieux, dans une telle situation, de privilégier le dialogue à l’interdiction sans concertation ? L’autorité et la supériorité naturelle entraînent-elles nécessairement le manque de parole ?

L’engagement lycéen est une force vive. En parlant de l’engagement des jeunes, l’ancien Président de la République française, François Hollande, avait déclaré : “Il est essentiel que les jeunes puissent s’impliquer, s’exprimer et contribuer à la société. Leur énergie et leur perspective sont précieuses pour notre avenir.” D’autant que, et c’est là sans doute la notion la plus importante à retenir, “l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde”, comme le disait Nelson Mandela. Ainsi, les initiatives de presse lycéenne participent pleinement à cette mission éducative. Cet engagement, journalistique ou non, est la garantie de l’épanouissement des élèves, et c’est ce qu’affirment et revendiquent nombre de directives gouvernementales éditées par l’Education Nationale. Entraver celui-ci, c’est certes poser des bases et des limites à quelque chose qui peut parfois être débordant, mais où se trouvent alors les limites de la restriction ?

Comment espérer construire une réelle unité entre les élèves si rien ne les rassemble ?

J’ai eu, à de nombreuses reprises, l’occasion de me rendre dans des lycées où l’engagement lycéen n’était pas aussi développé que dans nos lycées versaillais. Cela ne semble pas perturber plus que cela les élèves, qui s’en portent même très bien au premier abord. Mais quand vous leur décrivez ce à quoi ressemble la vie de tous les jours dans un établissement où des événements festifs sont organisés, où quelque chose de concret rassemble la communauté éducative dans son ensemble, alors la volonté d’agir s’installe indéniablement dans leurs esprits.

Comment espérer construire une véritable unité entre les élèves d’un établissement si rien n’est fait pour les rassembler ? Cette fameuse “culture d’établissement” dont parlent bon nombre de professeurs, comment peut-on souhaiter qu’elle existe réellement si l’on ne fait rien pour la provoquer un tant soit peu ? Certes, un lycée est avant tout un lieu d’apprentissage, là n’est pas la question. Ces trois années d’études en son sein sont en effet parmi les plus décisives, nous faisant entrer dans le monde professionnel. Mais ce dont il faut bien se rendre compte avant tout, c’est que, de façon indéniable, les mentalités n’ont cessé d’évoluer depuis quelques dizaines d’années. Depuis les années 2010 selon beaucoup, mais en réalité depuis Mai 68 pour certains historiens.

Ces mentalités nouvelles issues de cette période sont aujourd’hui gages d’une vie meilleure pour tous au sein de la communauté éducative, élèves comme professeurs. Ainsi, l’accent est depuis quelques années déjà mis sur le bien-être des jeunes à l’école ; exemple flagrant de ce qui a été dit précédemment, puisque le bien -être en question n’avait jamais été pris en compte dans l’école d’antan.

Force est de constater qu’aujourd’hui certains voient avec nostalgie l’époque où les loisirs et l’amusement n’avaient pas leur place à l’école. Mais ce que nous devons leur dire, nous lycéens, c’est qu’un environnement convivial et chaleureux n’a jamais été moins propice à l’apprentissage qu’un lieu austère et froid ! J’en prends pour preuve le système éducatif des pays nordiques, que notre gouvernement tente tant bien que mal d’imiter dans certains aspects.

Et d’autant que la France reste l’un des rares pays européens à faire travailler ses lycéens de 8h à 18h tous les jours de la semaine, et le samedi ! Il est impossible, et n’importe quel élève le dira, de “s’aérer l’esprit”, pour reprendre les termes de Jean-Michel Blanquer, dans ces conditions. C’est ainsi pour cela que les initiatives lycéennes visant à apporter une pause brève dans cet enchaînement incessant de journées de cours doivent être prises pour des opportunités, et non pour des contraintes. Deux ou trois heures prises ça et là chaque trimestre pour ces événements n’ont jamais été que bénéfiques, à la fois pour les élèves et pour les professeurs !

Lycéens, engagez-vous !

1 réflexion sur “TRIBUNE – L’initiative lycéenne : un élan à préserver”

  1. Parfaitement d’accord avec toi Clément !! L’engagement lycéen est une chance inouïe pour les établissements, et tu m’as inspirée à m’engager moi aussi pour créer une vie lycéenne agréable (via les fêtes et autres)! Au plaisir de lire tes articles, Emma

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