Depuis les bombardements israéliens dans de nombreuses régions du Liban du 30 septembre, plus que jamais, les yeux du monde sont rivés sur le Moyen Orient. Avec le début d’un nouveau conflit Hezbollah/Israël, qui intervien suite à l’attaque du 7 octobre 2023, la communauté internationale redoute un embrasement régional. Ce scénario n’a rien de nouveau, car la frontière entre le Liban et l’Etat hébreu a longtemps été et demeure le théâtre de nombreux affrontements. Replongeons-nous dans l’histoire de ce conflit qui s’éternise depuis des décennies. Après que la résolution 181 des Nations Unies ait été adoptée en novembre 1947 par l’Assemblée générale, l’Etat d’Israël est créé en mai 1948. Cependant cette décision est fortement contestée par les pays arabes, qui entrent en guerre avec l’Etat hébreux, c’est la guerre Israélo-Arabe de 1948, qui prend fin en mars 1949 avec une victoire d’Israël. En conséquence, une grande partie des palestiniens sont forcés à l’exode, dont 110 000 se réfugient au Liban. En 1964, l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), organisation terroriste qui se radicalise à partir de 1970, est créée. Elle implante des bases militaires au Sud-Liban qui entraine une guerre civile libanaise et à partir desquelles elle mène des actions armées contre Israël. Les réponses d’Israël à ces attaques sont systématiques, de nombreux civils libanais, israéliens et palestiniens meurent lors de ces opérations. L’insurrection d’Israël au Liban en 1978 se fait en réponse aux attaques menées par l’OLP contre les civils. La deuxième opération militaire de 1982 de Tsahal au Liban a pour but de s’attaquer aux bases de l’OLP dont le siège est à Beyrouth et qui s’implante ensuite en Tunisie. Changement de contexte après les accords d’Oslo de 1993 entre l’OLP et Israël, c’est le Hezbollah, organisation terroriste islamiste, financé en grande partie par l’Iran qui s’implante au Liban. Le Hezbollah veut la destruction d’Israël et multiplie les attaques depuis la frontière du Sud-Liban, ce qui provoque donc les deux autres incursions de 1993 et 1996. De plus, l’arrivée des réfugiés palestiniens, musulmans à 80%, déstabilise l’équilibre politico-religieux du pays. Les chrétiens au pouvoir les voient comme une menace, tandis que les sunnites et les druzes les voient comme une opportunité de contester le pouvoir. Mais le Hezbollah (chiite) n’est pas si populaire que cela au Liban (musulman sunnite). En 1975, une guerre civile opposant le Front Libanais (chrétiens libanais), au Front National (musulmans alliés aux palestiniens), a lieu. Israël envahit alors le sud du Liban en 1978 afin de créer une zone tampon le long de sa frontière et continue en 1982 jusqu’à Beyrouth, après deux mois d’intenses bombardements sur la capitale. Israël tente d’imposer comme président le leader des milices chrétiennes Béchir Gemayel afin d’en faire un allié politique mais ce dernier est assassiné en septembre 1982 sur ordre du président syrien, Hafez el Assad. En représailles, les milices chrétiennes massacrent des milliers de Palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila à Beyrouth. La commission des Nations Unies, Kahane, conclura qu’Israël est indirectement responsable de cet accident, n’ayant pas pris les mesures nécessaires pour l’éviter. L’Etat hébreux fait alors face à une insurrection populaire libanaise, qui le force à se replier sur sa zone de sécurité. Israël continue lors des années 90 de mener des campagnes militaires au Liban renforcant la popularité du Hezbollah. Israël, à cause du lourd bilan humain libanais, est forcé en mai 2000 de se retirer de sa zone de sécurité jusqu’à la frontière conçue par l’ONU en 1948, à l’exception de l’enclave de Chebaa, dont l’occupation sert de prétexte au Hezbollah pour mener des attaques contre Israël. Israël répond à ces attaques en 2006 avec une opération militaire, faisant quelques miliers de morts et de blessés et près d’un million de déplacés : c’est la guerre de juillet. Ce n’est que 33 jours après le début des combats que l’ONU parvient à adopter la résolution 1701 permettant le retour de l’armée libanaise au Sud-Liban, limitant ainsi l’influence du Hezbollah. Pour résumer, c’est bien un conflit israélo-Hezbollah d’intensité variable depuis très longtemps, avec des interventions importantes de puissances extérieures (Iran). Israël avait beaucoup plus peur du Hezbollah (armée nombreuse, organisée) que du Hamas. Le conflit resurgit du fait de l’impuissance de l’Etat libanais et de l’ONU à faire respecter le droit international sur la frontière.