Qu’est-ce que le philosophe Spinoza a-t-il en commun avec Alfred Rosenberg ? Dans cet ouvrage, Irvin Yalom propose un double récit alterné. D’une part, la vie de Spinoza y est décrite, les faits datent de 1656. D’une autre part, nous suivons Alfred Rosenberg qui a joué un rôle important dans l’extermination des juifs sous l’Allemagne nazie. Rien ne semble les lier mais en 1941 Rosenberg est chargé de la confiscation des biens culturels juifs et s’empare de la bibliothèque de Spinoza. L’auteur décrit l’étrange obsession (fictive) qu’a Rosenberg pour Spinoza. Yalom essaye de décortiquer la pensée de Rosenberg, un être médiocre et buté, en tant que psychanalyste. Au-delà des faits historiques que peut nous apprendre ce livre, il permet une introduction à la pensée de Spinoza. On peut nommer sa thèse, le « rationalisme athée », car pour lui Dieu ce n’est pas celui qui est décrit dans la Shoah, la Bible ou encore le Coran. Selon sa croyance, il existerait une force supérieure, la nature, qui serait équivalente à Dieu. Pour lui les religions répondent à une peur et à un manque de contrôle : « […] l’homme ancien était terrifié par le caractère capricieux et mystérieux de l’existence. Il lui manquait le savoir capable de lui fournir la chose dont il avait besoin par-dessus tout : une explication. […] Il en a conclu que si tout ce qui arrive à une cause surnaturelle, alors peut-être y a-t-il un moyen d’amadouer le surnaturel. » Enfin, il critique en particulier l’usage de la superstition dans les religions qui est utilisée à des fins politiques d’assujettissements.