La montée de l’économie chinoise : le dragon qui a appris à voler

Il y a cinquante ans, la Chine était un géant endormi, englué dans la pauvreté et isolé sur la scène internationale. Aujourd’hui, elle est un acteur incontournable, une puissance économique qui pèse près de 19 % du PIB mondial et qui rivalise avec les États-Unis. Comment un pays aussi immense que complexe a-t-il orchestré une transformation aussi spectaculaire ? Pour comprendre ce voyage, il faut remonter à une décision clé qui allait réveiller le dragon : une série de réformes économiques qui ont changé le cours de l’histoire.

Deng Xiaoping, ou l’art de la rupture :

En 1978, à la tête d’un pays affamé et fracturé par la Révolution culturelle, Deng Xiaoping prend un pari risqué : injecter une bonne dose de capitalisme dans une économie planifiée. Son credo ? « Peu importe que le chat soit noir ou blanc, tant qu’il attrape les souris. » Le socialisme peut très bien flirter avec le marché, à condition que l’État garde la main sur les secteurs stratégiques.

C’est ainsi que naissent les premières zones économiques spéciales (ZES), des espaces où l’économie est libérée, les investisseurs étrangers courtisés, et les règles assouplies. Shenzhen, autrefois un village de pêcheurs, devient en quelques années une ville-usine symbole du miracle chinois. En parallèle, des réformes agricoles révolutionnaires – comme les fameux « contrats familiaux » – permettent aux paysans de garder les surplus de leur production, stimulant l’économie rurale.

Le résultat ? En 1980, le PIB chinois ne dépassait pas 191 milliards de dollars. En 2020, il avoisinait 17 700 milliards, un bond qui semblait tout droit sorti d’un roman de science-fiction.

Une croissance affolante et des ambitions démesurées :

Pendant trente ans, la Chine vit ce que le reste du monde regarde comme un miracle : une croissance annuelle proche de 10 %, un chiffre qui ferait pâlir d’envie n’importe quel économiste occidental. Mais derrière ces pourcentages, il y a un plan clair : faire de la Chine l’atelier du monde. L’étiquette colle à la réalité. Produits électroniques, textiles, jouets, smartphones : la Chine inonde le marché mondial. Avec des coûts de production imbattables et une main-d’œuvre abondante, elle devient le premier exportateur mondial, en captant plus de 15 % du commerce international.

Mais la Chine n’est pas qu’une machine à produire. Elle investit, et à grande échelle. Les autoroutes ? Des dizaines de milliers de kilomètres. Les trains à grande vitesse ? 40 000 kilomètres de lignes, un record mondial. En quelques décennies, elle construit non seulement des infrastructures modernes, mais aussi un réseau logistique qui propulse son économie encore plus haut.

Du « tournevis au processeur » :

Si l’histoire s’arrêtait là, on aurait pu se contenter de dire que la Chine était un pays de chaînes de montage. Mais Pékin a vu plus loin. Dès les années 2000, le pays entame une montée en gamme technologique. Les usines ne suffisaient plus, il fallait désormais innover, et vite. Des milliards de dollars sont injectés dans la recherche et le développement. Les résultats ne tardent pas. Huawei, Tencent, Alibaba : ces noms qui pèsent lourd sur la scène mondiale sont des produits de cette stratégie. Aujourd’hui, la Chine domine des secteurs aussi stratégiques que la 5G, l’intelligence artificielle ou encore les paiements numériques, où elle est pionnière avec des plateformes comme Alipay ou WeChat Pay.

Mais cette montée en gamme n’est pas sans conséquences. Les tensions avec les États-Unis montent d’un cran, notamment avec des sanctions contre des entreprises chinoises comme Huawei. Les Américains ne voient pas d’un bon œil cette compétition technologique, et ils le font savoir…

Une influence qui dépasse ses frontières :

Enfin, l’ascension économique de la Chine ne se limite pas à ses frontières. Depuis 2013, elle déploie l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie, un projet pharaonique qui vise à redessiner les échanges mondiaux. Ports, routes, chemins de fer, pipelines : la Chine investit massivement dans des dizaines de pays d’Asie, d’Afrique et d’Europe.

Le pari est double. D’un côté, Pékin renforce ses liens commerciaux avec des nations stratégiques. De l’autre, elle gagne en influence géopolitique en tissant un réseau de dépendance économique. Mais cette stratégie a son lot de controverses : plusieurs pays se plaignent d’être pris dans un piège de la dette, où les prêts chinois se transforment en leviers de pression politique.

Le dragon a appris à voler, et le monde entier regarde, fasciné, sa trajectoire. Reste à savoir si son souffle tiendra face aux turbulences qui l’attendent.

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