OPINION : Etats-Unis et démocratie, deux termes que tout oppose ?

Où va donc la démocratie américaine ? Cette question passe en boucle sur les plateaux télé européens depuis l’annonce de la victoire de Donald Trump. Kamala Harris, que les sondages donnaient pourtant gagnante à quelques points près devant Trump, semble ne pas avoir réussi à conquérir le cœur des électeurs latinos.

Et quand on voit les personnalités placées par Donald Trump dans son futur gouvernement, sans même attendre sa nomination officielle comme ses prédécesseurs, on est en effet en mesure de se poser des questions quant à la bonne santé mentale des électeurs américains. Une représentante des Etats-Unis à l’ONU… ouvertement anti-ONU et militant pour un retrait des Etats-Unis de l’organisation internationale ; un secrétaire d’Etat à la Défense ayant failli tuer un musicien lors d’un lancer de hache, et ayant déclaré que l’armée américaine serait très sûrement beaucoup plus performante sans femmes ; et le pompon, le paroxysme de cette imbécilité étatique : la nomination du multi-milliardaire Elon Musk, de surcroît à un portefeuille créé spécialement pour lui, celui de l’Efficacité Gouvernementale. Un poste qui prête à sourire, dont on aurait sûrement bien besoin en France, mais qui laisse surtout miroiter d’énormes problématiques pour les Etats-Unis.

A en croire les discours de campagne de Donald Trump, et les nombreux tweets d’Elon Musk, qui avaient déjà publié en juillet une photo, réalisée avec sa nouvelle IA, de lui derrière un bureau floqué du titre de Secrétaire d’Etat, ce nouveau poste consisterait à réduire au minimum les formalités administratives et bureaucratiques, mais aussi réduire les dépenses publiques en les allouant plus judicieusement.

Or, c’est justement cette main-mise sur la répartition des dépenses publiques qui pose problème. La majeure partie des financements des entreprises spatiales venant du gouvernement américain par exemple, rien ne nous empêche de croire que Musk ne fera pas en sorte de diminuer les financements pour les entreprises concurrentes de SpaceX, et au contraire augmenter ceux alloués à ses propres firmes. L’arrivée au pouvoir étatique, donc, d’un homme possédant déjà un pouvoir immense a de quoi nous inquiéter pour les quatre années à venir.

Eric Ciotti : champion national du léchage de bottes de l’extrème droite.

Surtout, comment est-il possible que Donald Trump, ouvertement misogyne, raciste, xénophobe, climatosceptique, et de surcroît hors-la-loi sur bien des aspects, soit passé ? Accusé d’avoir conservé chez lui des documents classifiés à la fin de son mandat en 2020, mis en examen pour avoir acheté le silence d’une actrice pornographique après avoir eu des relations avec celle-ci, suspecté d’avoir pris part aux trafics sexuels et humains de Jeffrey Epstein, décrit en plus comme violeur, narcissique et escroc dans le film récent d’Ali Abbasi, The Apprentice. Comment est-il possible qu’un homme, dont le tableau de chasse ferait rougir plus d’un criminel du grand banditisme, puisse redevenir… l’homme le plus puissant du monde, et de façon démocratique ?

Non très clairement, les Américains devraient bel et bien se remettre en question. Néanmoins, qui sommes-nous, nous Européens, pour en juger. Certes, cette élection nous impactera directement, mais nous ne sommes pas citoyens américains. Ne serait-ce qu’un seul membre du Congrès s’est-il permis de juger notre choix lors de la réélection d’Emmanuel Macron en 2022 ? Ou lors de l’arrivée au pouvoir du socialiste Keir Starmer au Royaume-Uni ? Vraisemblablement non, et nos députés et sénateurs, même si nous partageons leurs opinions, se devraient sans doute de faire de même, et se concentrer sur l’examen des textes de loi de nos finances publiques.

Surtout quand il s’agit d’entendre des inepties folles sortir de la bouche de certains. Eric Ciotti, qui s’était déjà fait remarqué pour avoir affilié son parti au RN lors des législatives, mais sans l’accord des cadres LR, se met une nouvelle fois sur le devant de la scène de façon honteuse en déclarant soutenir très clairement Donald Trump, le seul selon lui à pouvoir mettre fin à cette invasion wokiste qui gangrène les Etats-Unis et le monde. Même le Rassemblement National n’était pas allé jusque-là. Mr. Ciotti a fait fort, et est en passe de dépasser le maître. Niveau discours réchauffé et sans aucune pensée derrière, il semble que l’on ait trouvé notre champion national. Espérons qu’il se fera bientôt décerner le prix du meilleur lèche-bottes et adulateur d’un parti qu’il critiquait ouvertement quelques mois auparavant ; Manuel Valls a du souci à se faire dans ce domaine.

Les Français ont grandement critiqué le tweet de félicitations on ne peut plus rapide d’Emmanuel Macron à Donald Trump, celui-là même qui se vante dès qu’il le peut d’avoir ridiculiser le Président français au téléphone. Mais il serait sans doute plus judicieux de nous focaliser, non pas sur un tweet de félicitations banal dans les relations diplomatiques, tout comme celui de Guillaume Kasbarian à son désormais homologue Elon Musk, mais sur le pouvoir qu’a désormais Trump sur notre continent. Il n’y a qu’à voir la participation active du dirigeant hongrois Viktor Orban dans la campagne du nouveau Président américain. Viktor Orban qui assure actuellement la présidence tournante de l’Union Européenne…

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