Le Lycéen a rencontré Vincent Jarousseau, reporter, réalisateur et documentariste. Il a notamment travaillé sur la sociologie politique du Rassemblement National, et de façon plus générale l’extrême droite française, intervenant sur les plus grands plateaux télé. Il nous explique pourquoi les jeunes ont de plus en plus tendance à voter pour les partis d’extrême droite.
Soutenir autant l’extrême droite (en nombre et en force) est-il un phénomène nouveau ?
Ce n’est pas la première fois dans l’histoire que l’extrême droite est forte en France. Dans les années 30, voire sous la Troisième République avec le général Boulanger, il y avait des mouvements puissants. Cependant, sous la Cinquième République, c’est nouveau. Comparer des périodes historiques est compliqué, mais c’est intéressant de mesurer ce phénomène . Pour la première fois, vous avez un parti d’extrême droite en France qui est en position de remporter une élection présidentielle ou législative. Ça, c’est vraiment nouveau. Ce n’est jamais arrivé dans l’histoire de France. Vous avez eu, sous les débuts de la Cinquième République, un petit épiphénomène avec Jean-Marie Le Pen, qui était député à la fin des années 50 pendant la guerre d’Algérie, avec une crise des commerçants et des artisans, mais ça n’avait rien à voir avec aujourd’hui.
On assiste à un véritable phénomène de dédiabolisation du Rassemblement National, voire de reconquête. Le terme le plus approprié serait-il désormais de parler véritablement de la normalisation de l’extrême droite dans le cercle de l’acceptable de la politique française ?
Oui, tout à fait, on n’en est plus aujourd’hui à la dédiabolisation, on en est à la normalisation. Alors c’est quoi la différence ? La normalisation, c’est le fait d’inscrire le fait que le Rassemblement National fait partie du jeu politique. Le parti a changé de nom. Donc, l’année 2018 correspond à cette phase de normalisation, on passe du Front au Rassemblement. Tout ça est écrit dans […]
