“Le droit de douane est le mot le plus beau du dictionnaire”. Cette déclaration de Donald Trump, désormais le 47eme Président des Etats Unis, illustre un point phare de son programme en matière économique : hausser les tarifs appliqués aux importations. Si Donald Trump, dans un premier temps, est revenu sur sa décision d’imposer au Mexique et au Canada des droits de douane de 25%, puis a suspendu ces mesures pendant un mois, il n’y aucun doute concernant le fait qu’ils entreront en vigueur dans un futur très proche. Mais quels seraient les effets d’une telle politique économique?
Ces nouveaux droits de douane toucheraient dans un premier temps les consommateurs américains. Le chef économiste de EY Parthenon, Gregory Daco, estime que cela conduira à une hausse généralisée des prix de 0,6 points de pourcentage au premier trimestre de 2025. En effet, en 2023 les importations américaines s’élevaient à plus de 3 000 milliards de dollars, soit le PIB de la France, l’introduction de nouveaux droits de douane impacterait donc tous les secteurs à des degrés inégaux. C’est notamment le cas de l’acier. Alors qu’un quart de l’acier utilisé aux Etats Unis est importé, Donald Trump a annoncé des droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium. A long terme, son objectif est de protéger l’économie américaine de l’influence autres pays, notamment de la Chine, pays avec lequel le déficit commercial américain s’élève à plus 300 milliards de dollars. En revanche, les Etats-Unis demeurent la première puissance économique mondiale et sont un pays très tourné vers lui-même, ce qui pourrait, pour eux, atténuer les effets d’une telle politique économique, au détriment des pays tiers pour qui l’impact de telles mesures serait bien plus dévastateur sur leurs économies.
Les économies les plus touchées seront sans aucun doute le Mexique et le Canada, les pays frontaliers des Etats Unis. En effet, ces pays ont tous deux pour premier partenaire commercial les Etats-Unis. Selon l’Office national des statistiques du Canada, en 2023 les exportations vers les Etats-Unis représentaient 77% des biens canadiens vendus à l’étranger, pour un total de 410 milliards de dollars. La décision américaine pourrait alors entraîner une contraction de 2,7% du PIB en 2025 puis de 4,3% en 2026, le tout accompagné d’une forte inflation. Le bilan n’est guère plus joyeux pour le Mexique, qui exporte 518 milliards de dollars de biens vers les Etats-Unis chaque année. L’économie mexicaine est bien plus vulnérable à ces droits de douane, et ces derniers pourraient engendrer une inflation annuelle de 6%, contre 4,2% en 2024, ainsi qu’un recul du peso de 7%, ce qui pourrait être suffisant pour plonger le Mexique dans une récession économique.
La situation est très similaire en Europe, et face à de telles décisions, Ursula Von der Leyen, la Présidente de la Commission européenne, avait déclaré que ces derniers “donneront lieu à des contre-mesures fermes et proportionnées”. Face à cette escalade, Maros Sefcovic, le commissaire européen chargé du commerce international, évoquait “un scénario perdant-perdant”. La réaction européenne illustre parfaitement le danger plus global de ces nouvelles mesures dans un monde hyper mondialisé où le commerce international dicte sa loi. Elles présentent en effet le risque de conduire à une guerre commerciale et tarifaire généralisée à l’échelle mondiale, ravageur pour les pays cas échéant.
Hormis les impacts purement économiques de ces droits de douane, ils contribueront également à tendre les relations internationales, qui connaissent déjà un bas majeur. Mais Donald Trump ne semble pas le moins du monde préoccupé par ces effets secondaires, puisqu’il a déjà envoyé son vice-président, JD Vance, à Munich, qui a prononcé un discours quasi anti-européen. Ainsi, si l’objectif à terme de ces droits de douane est de protéger l’activité économique américaine, ils auront dans un premier temps un impact délétère à la fois sur les Etats-Unis tout comme n’importe quel autre pays commerçant avec ce dernier.