« L’ingratitude, je suis bien placé pour le savoir, c’est une maladie non transmissible à l’homme. »
À l’occasion de la traditionnelle conférence des ambassadrices et des ambassadeurs, Emmanuel Macron a prononcé cette phrase qui a provoqué de vives réactions. « Déconnecté » pour certains, « égocentrique » pour d’autres, le Président de la République est de moins en moins populaire.
Et pour cause : avec seulement 21 % d’avis favorables en janvier 2025, il atteint son score le plus bas depuis la crise des Gilets jaunes en 2018 (23 %). Cette impopularité résulte d’une série de décisions controversées et d’événements politiques marquants qui ont renforcé le mécontentement des Français et fragilisé la position du chef de l’État. Parmi ces facteurs, il est difficile de ne pas évoquer la réforme des retraites, imposée via l’article 49.3 de la Constitution, qui a repoussé l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, sans passer par un vote des députés. Cette réforme impopulaire est devenue l’ombre du président et a pesé sur son parti politique lors des élections européennes, où il n’a récolté que 14,5 % des voix.
Ce résultat, déjà un signal fort de l’opinion des Français, n’a pas fait reculer le président. Pire encore, il a dissout l’Assemblée nationale, provoquant une incompréhension générale. Ces élections anticipées ont montré qu’il n’y a pas que les Français qui le désavouent : il est aussi contesté au sein de son propre camp politique.
Lors de la campagne des législatives, on ne vote plus pour la majorité présidentielle, mais pour « le Premier ministre ». Ce virage politique montre un profond fossé entre le président et son camp.
Malheureusement pour Emmanuel Macron, c’est une double défaite. Alors qu’il disposait d’une majorité relative en 2022, son camp se retrouve maintenant coincé entre deux blocs majeurs : le NFP (Nouveau Front Populaire) et le RN (Rassemblement National).
À la suite de cette défaite, il devait former un nouveau gouvernement. Mais à l’approche des JO, il a préféré entamer une « trêve politique », espérant que la magie des Jeux ferait oublier un instant l’instabilité politique. À la fin de cette (belle) parenthèse, Michel Barnier est devenu le nouveau Premier ministre.
Cependant, l’instabilité politique ne s’est pas arrêtée là. Le gouvernement de Michel Barnier a rapidement été confronté à une motion de censure déposée par le Nouveau Front Populaire et le Rassemblement National. Le 4 décembre 2024, l’Assemblée nationale a voté en faveur de cette motion, avec 331 voix pour, entraînant la chute du gouvernement Barnier. Face à cette situation inédite depuis 1962, Emmanuel Macron s’est adressé une nouvelle fois aux Français, tentant de leur faire comprendre les raisons derrière cette dissolution.
« Le mandat que vous m’avez démocratiquement confié est un mandat de cinq ans, et je l’exercerai pleinement jusqu’à son terme. »
Il a par ailleurs clarifié ses intentions de ne pas vouloir démissionner, mettant fin aux spéculations.
Finalement, il a nommé François Bayrou au poste de Premier ministre le 13 décembre 2024.
Bayrou, leader du MoDem, a tenté de rétablir la stabilité en proposant de renégocier la réforme des retraites avec les syndicats et les fédérations patronales, et en suggérant l’introduction de la représentation proportionnelle.
Malgré ces initiatives, le gouvernement Bayrou a également fait face à des défis majeurs. Le 14 janvier 2025, lors de sa déclaration de politique générale, Bayrou a souligné la nécessité pour la France de se tenir ferme face au « nouvel ordre mondial » incarné par des figures comme Elon Musk, tout en critiquant les ambitions territoriales du président américain élu, Donald Trump. Sur le plan intérieur, il a dû composer avec un Parlement fragmenté et des tensions persistantes autour de la réforme des retraites. Une motion de censure a été déposée par La France insoumise, mais il a réussi à fragmenter le NFP grâce au désistement des socialistes, qui ont refusé de voter la motion.
Ainsi, le président jupitérien, autrefois au-dessus de la mêlée, se retrouve isolé, confronté à une impopularité record et à un paysage politique profondément fragmenté. La fin de son règne s’annonce interminable et douloureuse, marquée par des décisions contestées et un fossé grandissant entre lui et le peuple français.