En ce début d’année 2025, sans doute est-il bon de faire un retour rapide sur l’actualité du mois passé, aussi bien chargée et importante qu’angoissante et inquiétante.
La nomination le 13 décembre de François Bayrou à Matignon pour succéder à Michel Barnier, et l’annonce de son gouvernement dix jours plus tard ont plongé la France dans l’incertitude. L’impression de déjà vu et le manque de renouvellement des élites politiques depuis déjà sept ans ont conduit indubitablement au triste résultat de ce sondage révélé par Le Figaro il y a quelques jours : 61% des Français se disent favorables à la démission d’Emmanuel Macron, un chiffre en hausse de sept points depuis septembre. Si un tel événement ne manquerait pas de concrétiser la fuite en avant de la France, déjà bien amorcée depuis la dissolution de l’Assemblée Nationale, il va sans dire que c’est désormais un homme acculé et isolé qui siège désormais à l’Elysée. Et la crise actuelle à Mayotte n’a pas arrangé les choses.
Quant à François Bayrou, celui qui attendait depuis plusieurs décennies d’engagement politique d’être nommé à la tête d’un gouvernement, le voici, dès ses premiers jours sous les ors de la République, en bien mauvaise posture. Sa présence au conseil municipal de Pau, dont il a choisi de rester maire, au lieu d’être sur le terrain à Mayotte, touché par l’ouragan Chido, a fait beaucoup parler dans la presse… et dans l’hémicycle. Torpillé par les parlementaires et par les Français, M. Bayrou a quand même cru bon de partir au beau milieu d’une conférence de presse sur la situation de l’île, laissant Bruno Retailleau seul face aux micros.
Alors beaucoup diront que le nouveau Premier Ministre est complètement déconnecté de la vie actuelle des Français, et des véritables enjeux du pays qu’il gouverne désormais, il me semble néanmoins, à mon humble avis, que la réalité est légèrement plus complexe que cela, et que les attaques à son égard sont en partie injustifiées. Ne nous voilons pas la face : il est évident que la volonté de M. Bayrou de conserver son poste à la municipalité de Pau ne relève pas, comme il le dit, d’un attachement territorial nécessaire à une meilleure gouvernance du pays, mais bien de sa propre ambition politique. Néanmoins, il est indéniable que les critiques immédiates faites à l’égard de ses choix témoignent plus d’une opposition farouche de la classe politique à ce nouveau gouvernement, plutôt que d’un réel souci du bien-être des Mahorais. Il serait temps de mettre fin à cette hypocrisie totale. Instrumentaliser les malheurs des Français dans un but purement politique n’est pas digne de nos potentiels futurs dirigeants. Toujours est-il que seul le temps nous dira si François Bayrou sera encore à Matignon au moment du départ de M. Macron en 2027, ou si Pau retrouvera à plein temps son maire bien-aimé en 2025, comme semblent le penser 86% des Français selon un sondage Odoxa-Backbone.
Du côté de notre cher Parlement Européen, l’heure était ces dernières semaines à la mobilisation en faveur de la libération de Boualem Sansal. Le 23 janvier, les eurodéputés ont en effet adopté une résolution en faveur de la mise en liberté de l’écrivain franco-algérien retenu par le régime autoritaire d’Alger depuis plus de 80 jours. Et quelle ne fut pas notre surprise quand, après avoir regardé de plus près les votes de nos représentants à l’UE, nous nous sommes rendus compte que Rima Hassan avait voté… contre ! L’hypocrisie de A à Z, tel est ce qui la caractérise à n’en point douter. Face au tollé que cela a suscité dans les médias français comme européens, celle-ci s’est justifiée : “dans les faits, il défend dangereusement des thèses identitaires d’extrême droite, reprend la rhétorique du grand remplacement ou encore stigmatise les personnes exilées”. Il y a de quoi en rester estomaqué : ainsi, il est normal que toute personne ne partageant pas les mêmes idées que Madame Hassan finisse en prison ? Selon elle, il semble que ce soit le cas. Drôle de discours pour une représentante de la nation française, qui semble avoir oublié ses leçons d’école primaire : en France, il y a ce qu’on appelle la liberté d’expression, ce qui aurait normalement dû pousser Madame Hassan à voter en faveur de la résolution.
Toujours est-il que celle-ci ne se dégonfle pas. Elle poursuit : “ceux qui crient au scandale pour Sansal se refusent, par ailleurs, à adopter depuis des mois une résolution sur le génocide à Gaza”. Hors-sujet complet. Rima Hassan, nous l’avions remarqué, ne manque pas une seule occasion de parler de la Palestine, dénonçant un “génocide” sans prendre conscience de la lourde portée et signification des mots qu’elle utilise. Mais nous ne savions pas encore qu’elle s’en servait aussi pour justifier ses dérives autoritaires ! Il serait bon, il me semble, de lui faire comprendre que, non, représenter la France au Parlement Européen, c’est bel et bien défendre ses électeurs et non représenter un pays étranger, qui plus est non membre de l’Union Européenne. Non, eurodéputée et ambassadrice du Hamas en France ne sont pas des fonctions compatibles, d’autant plus dans notre système démocratique ! “Dans une forêt d’injustices, que peut la croyance du bûcheron ? Ce qu’il faut c’est l’incendie, le grand incendie” : ainsi Rima Hassan définit sa mission en tant qu’eurodéputée. Pari réussi : elle a mis feu à la démocratie.
Au niveau international, alors que son mandat n’a pas officiellement débuté, Donald Trump multiplie les menaces et les coups de force politiques. Mais c’est surtout son protégé, Elon Musk, qui inquiète la communauté internationale. Depuis son soutien affiché à l’AfD en Allemagne, parti d’extrême droite soupçonné il y a un an d’avoir organisé un colloque dans le but de planifier une “solution finale” visant les immigrés, dans la digne lignée nazie, il n’est plus vu comme le brillant milliardaire sur qui repose la conquête future de l’espace et le développement mondiale des nouvelles technologies, mais bien comme un danger pour la démocratie. Son poste dans le futur gouvernement américain, dont le titre ne pourrait être plus vague et fumeux, ne présage rien de bon. Son salut nazi lors de l’investiture de Donald Trump et la foule en liesse devant lui ne peuvent que nous rappeler d’ailleurs la triste année 1933 en Allemagne…
Au Royaume-Uni également, le multi-milliardaire s’immisce dans les affaires politiques à la faveur de l’extrême droite. Début janvier, il a en effet formulé une série de critiques publiques contre le gouvernement de Keir Starmer (Travaillistes, gauche), fustigeant la gestion par les autorités britanniques d’une vaste affaire d’exploitation sexuelle de jeunes filles. Ce scandale, impliquant plus de 1500 mineures sur plusieurs décennies, avait à l’époque alimenté le discours de l’extrême droite, puisque les auteurs de ces crimes étaient majoritairement des hommes pakistanais. Ainsi, en critiquant M. Starmer, qui étaient alors directeur du Crown Prosecution Service, le service des poursuites judiciaires, il pointe directement du doigt l’état du pays, dont il accuse le Labour Party d’être responsable. Et par-dessus tout, il a demandé récemment la libération de l’activiste britannique d’extrême droite Tommy Robinson, suscitant des réactions de désapprobation jusque dans les milieux de la droite radicale du pays.
Et pour finir, il faudra évidemment citer la récente chute du régime de Bachar al-Assad. Celui que l’on pensait invincible, car soutenu par les Russes, s’est effondré comme un château de cartes en quelques jours. La quasi-totalité de la classe politique française s’est félicitée de l’entrée de la Syrie dans une “nouvelle ère”. Situation d’ailleurs ironique pour l’extrême droite de Marine Le Pen, étant donné que nombreux sont les membres de son parti à avoir rencontré de manière informelle à de nombreuses reprises l’ex-dictateur syrien, menés par Thierry Mariani. Il faut dire que l’extrême droite comme l’extrême gauche françaises l’adulaient et le défendaient ; Jean-Luc Mélenchon déclarait à son sujet sur LCI en 2015 : “vous connaissez une guerre où l’on bombarde et où les civils ne reçoivent pas de bombes ? Ca n’existe pas !”. Marine Le Pen, elle, la même année, appelait à “faire une coalition avec Bachar al-Assad. C’est une évidence”. Pourtant, la méthode al-Assad n’a pas de quoi donner envie : massacre de civils, régime autoritaire, répression sanglante, armes chimiques contre la population, opposants torturés…
Quant au nouveau dirigeant, Ahmad al-Chareh, il a certes troqué le treillis militaire pour le costume et la chemise blanche, mais son idéologie n’en reste pas moins inchangée. En témoigne son refus de serrer la main de la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, lors de sa visite officielle dans le pays avec son homologue français, M. Barrot.
Je conclurai en résumant brièvement la situation politique française au vu de tous ces événements. Le cercle républicain est en perdition, la droite et la gauche peinant à s’imposer durablement, et le centre étant en mal de légitimité après les déboires de son leader présidentiel. L’extrême gauche fricote avec les dictateurs d’Amérique latine et les islamistes du Proche et Moyen-Orient, pour le plus grand bonheur de certains Français qui semblent ne pas voir les dangers que leur soutien à ce type d’actes inconsidérés pourrait entraîner. L’extrême droite, enfin, s’amourache elle aussi de dictateurs mais d’un tout autre genre, puisqu’elle semble leur préférer la Russie, la Hongrie ou encore le nouveau gouvernement des Etats-Unis. L’avenir ne dit rien qui vaille…