On nous parle sans cesse de « sentiment d’insécurité », comme s’il s’agissait d’une illusion collective, d’un mirage entretenu par des médias alarmistes ou une opposition politique trop bruyante. Ce discours, usé jusqu’à la corde, a fait son temps. Car ce n’est plus un « sentiment » : c’est une réalité que vivent quotidiennement des millions de Français. Dans les villes comme dans les campagnes, dans les transports, dans les lycées, à la sortie des stades ou à la porte des hôpitaux, la violence n’est plus exceptionnelle, elle est banalisée. Et cette banalisation n’est rien d’autre qu’un abandon : celui de l’autorité, de la justice, de l’État.
Depuis des décennies, la France est engagée dans une étrange politique de désarmement moral. On a remplacé l’exigence de responsabilité par une logique d’excuse. À chaque fait divers sordide, le même schéma : l’agresseur a un parcours « compliqué », il a été victime de discriminations, il a grandi dans un environnement difficile. On s’apitoie sur lui comme sur une victime secondaire du système. Mais le système, c’est celui qui ne protège plus les citoyens ordinaires. Le vrai drame, ce n’est pas le parcours de l’agresseur. C’est l’effondrement de l’ordre public.
La délinquance n’est plus marginale, elle est structurée. Elle a ses territoires, ses lois, ses codes. Elle prospère sur les failles de notre système judiciaire, sur la lâcheté politique, sur la peur des réactions. Elle sait que les sanctions sont rares, que les prisons sont pleines, que les peines sont aménageables. Elle sait aussi que toute critique trop vigoureuse sera taxée de « dérive autoritaire » ou de « stigmatisation ». Résultat : un sentiment d’impunité généralisé. Non seulement chez les délinquants, mais chez tous ceux qui constatent que l’État ne tient plus ses promesses fondamentales.
On accuse souvent la droite de faire de la sécurité un « fonds de commerce électoral ». Mais qui, aujourd’hui, peut nier qu’il s’agit d’une urgence nationale ? La sécurité n’est ni un slogan ni un fantasme : c’est la condition première de la liberté. Il n’y a pas de justice sociale sans sécurité. Il n’y a pas de démocratie vivante quand les honnêtes citoyens se terrent pendant que les délinquants fanfaronnent. Et il n’y a pas de République quand l’ordre n’est plus rétabli.
Le drame, c’est que la justice française est désormais perçue comme impuissante. Non pas par manque de lois — nous en avons trop — mais par refus de les appliquer avec fermeté. Les magistrats ont trop souvent intériorisé une culture de la précaution, de la prévention, de la réinsertion à tout prix. Or, il faut avoir le courage de le dire : certaines personnes doivent être mises hors d’état de nuire. Et cela passe par la prison. Oui, il faut construire des places supplémentaires. Oui, il faut juger plus vite. Oui, il faut des peines planchers pour les récidivistes. Et non, cela n’a rien d’inhumain.
Ce discours-là, la droite doit le tenir sans trembler. Elle ne doit pas avoir peur de se faire traiter de « dure », de « sécuritaire », de « populiste ». Car ce que certains appellent populisme, c’est souvent du bon sens. Le peuple français ne demande pas la lune. Il demande de pouvoir vivre, se déplacer, travailler, sortir, sans risquer une agression gratuite. Il demande que l’autorité de l’État ne soit pas un souvenir lointain, mais une réalité quotidienne. Il demande que la peur change de camp.
Bien sûr, la sécurité ne règle pas tout. Il faudra aussi parler d’intégration, d’éducation, d’autorité dans les écoles, de respect de la nation. Mais rien de tout cela ne sera possible sans rétablir d’abord l’ordre. L’ordre n’est pas une valeur d’extrême droite, c’est le socle de toute société civilisée. Et c’est la droite républicaine qui doit avoir le courage de le rappeler, haut et fort.
Si elle ne le fait pas, d’autres le feront — avec moins de scrupules, mais plus de voix. Car le vide de l’autorité appelle toujours une réponse. Il ne tient qu’à nous que cette réponse soit démocratique, ferme et républicaine. Il ne tient qu’à la droite de redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : le parti de la sécurité, de l’ordre, du respect, et donc de la liberté.
Il est donc regrettable que Les Républicains se soient vendus à l’extrême-droite. Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, l’un en stigmatisant l’ensemble des musulmans de France, l’autre en marginalisant nos compatriotes de Saint-Pierre-et-Miquelon, n’ont fait qu’accélérer la chute vertigineuse de leur parti. Peut-être que chercher à récupérer les adhérents LR partis au Rassemblement National n’est pas une solution, et que la radicalisation des Républicains leur nuira en les fondant dans la masse de l’extrême-droite française. Peut-être que ce sont en fait les adhérents partis chez Renaissance qu’il faut chercher à récupérer.