TRIBUNE – Appel à la génération de demain : sauvons nos libertés !

“Il y a 10 ans, les lycéens d’aujourd’hui avaient entre 6 et 8 ans. Cette rentrée scolaire 2024-2025 sera l’occasion de les sensibiliser à cet événement dramatique (ndlr. : l’attentat contre Charlie Hebdo de 2015)”. Valérie Pécresse présentait ainsi, dans un mail envoyé à tous les élèves et professeurs de tous les lycées d’Île-de-France, les mesures que la région prévoyait de porter au sein des établissements scolaires en commémoration de ce sanglant anniversaire. Pourtant, quel paradoxe et quel étonnement fut le nôtre, quand elle annonça lancer, quelques semaines après, un “projet pédagogique de caricatures” consistant en un livret de caricatures à destination des lycéens, mais… sans “Mahomet, Jésus ou le pape” !

Mme Pécresse se fait ainsi la grande défenseure de la liberté de caricaturer. Mais attention ! Pas n’importe qui ! Elle même qui dénonçait en octobre 2015 la “une honteuse” de Charlie Hebdo sur Nadine Morano. Elle-même est tout simplement le reflet d’une grande partie des jeunes, et plus largement de la société d’aujourd’hui. En effet, on remarque, parmi les lycéens notamment, une volonté de défendre la liberté d’expression, tout en la restreignant dans le même temps, au nom de sa propre vision des limites de cette liberté.

Ainsi, comme le dit Valérie Pécresse, il faut caricaturer, certes, mais pas les religions. Et c’est un phénomène grave que l’on retrouve aujourd’hui, et particulièrement dans nos classes. En janvier 2021, un sondage de l’Ifop révélait que 65% des enseignants avaient déjà constaté des contestations d’enseignement au nom de convictions religieuses des élèves. Et nombreux sont les professeurs qui, désormais, apprennent à enseigner différemment, du fait d’une certaine appréhension vis-à-vis de la réaction des lycéens et collégiens. N’oublions pas que la mort de Samuel Paty a été causée par l’une d’entre nous, l’une de ses élèves…

Néanmoins, cette opposition des lycéens à l’exercice de la caricature religieuse peut ne pas être issue d’une opposition ferme à la laïcité, mais plutôt d’une incompréhension de celle-ci. Pour certains lycéens, elle n’est pas une liberté garantissant que l’on puisse s’exprimer librement sur les religions. Elle est plutôt une restriction sur la question religieuse. Ils acceptent néanmoins que l’on en parle, mais toujours dans la limite de la vision qu’ils ont de leur confession. La laïcité ne serait pas l’existence de toutes les religions, mais au contraire leur absence totale de l’espace public.

Or la laïcité ne sera jamais l’athéisme, mais au contraire la liberté de parler des religions, qu’on les pratique ou non, qu’on soit en accord ou non avec elles. Notre génération doit réapprendre ce qu’est la laïcité, et cela passe d’abord par l’école. L’Etat doit donc permettre aux professeurs de réenseigner la laïcité comme il se doit, et librement, car c’est le ciment même de notre société. Ce n’est pas là le travail uniquement des professeurs d’EMC, mais bien celui de l’ensemble du corps professoral.

Force est néanmoins de constater que, au-delà des lycéens sujets à cette mauvaise compréhension de la laïcité et de la liberté d’expression, d’autres sont pour autant catégoriquement opposés à celles-ci. Ce sont ces individus anti-républicains que nous devons combattre fermement, pour la sauvegarde de nos valeurs. Ces valeurs qui sont le socle de la République, et qui façonnent notre pays. Qui nous rappellent que l’on est Français avant d’être chrétien, musulman, juif, etc.

C’est à nous, lycéens et collégiens, nous qui sommes la génération de demain, de nous engager dans ce combat pour la défense de nos libertés ! A nous de ne laisser aucune place dans nos classes et ailleurs à l’obscurantisme religieux et à l’obstruction de l’enseignement libre qui doit nous être inculqué. Les événements de ces dix dernières années nous rappellent la nécessité que tous les citoyens partagent de façon décisive la même définition de la laïcité, et que tout le monde l’accepte comme telle. Cet enjeu majeur de notre avenir relève de l’Etat, mais surtout des jeunes eux-mêmes.

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